Editorial: Eloge du courant d'air
Par: François Niney

Comme prix à payer donc, notre engagement à ne pas décevoir… . Ni les partenaires qui ont cru en l’aventure, ni les institutions qui l’ont soutenue, ni la profession qui y a adhéré, ni, encore moins, les bien légitimes attentes du public, notre capital le plus précieux !

Comment interpréter cette mobilisation, à commencer par celle des jeunes, qui a répondu si massivement au pari des organisateurs : ouvrir une fenêtre sur la pluralité des mondes coexistant ou luttant avec ce qu'on appelle la mondialisation, faire passer un courant d'air dans nos têtes et nos frontières, prendre une distance avec les clichés régnants, s'approcher de la vie des autres, envisager de nouveaux partages du monde…La seconde édition de DOC A TUNIS dira s'il s'agissait d'un simple succès de curiosité, d'un engouement pour la nouveauté ou si se confirme un intérêt profond du public tunisien pour ce cinéma du réel exigeant, aussi loin des reportages superficiels ou idéologiques que des romances convenues et autres "success stories". Car le documentaire d'auteur n'informe pas sur "les événements", il ne livre pas les opinions d'une célébrité ou de l'homme de la rue, il ne singe pas non plus les grands sentiments, mais il nous donne à voir notre monde et ceux qui l'habitent, soit du terrain, dans une vision qui nous rend proche ce que nous croyions étranger, soit dans une distance critique, réflexive, qui nous rend étrange nos propres habitudes et questionne les courtes vues qui souvent nous gouvernent. A l'opposé des visions médiatiques qui schématisent, grossissent, reproduisent les représentations officielles ou spectaculaires, rassurantes ou catastrophistes, les documentaristes prennent le temps de leur sujets, d'écouter-voir sur le terrain de quoi il retourne au quotidien, nous racontent les mille petites histoires singulières qui tissent la grande Histoire, bonheurs et malheurs mêlés, ils inventent des formes nouvelles traversant les catégories établies pour exposer les dysfonctionnements d'un monde inégal et emballé, et nous aider peut-être à en penser les remèdes.
Pour aller au delà des généralités, citons trois exemples que nous pourrons voir cette année (si tout va bien) sur les écrans de DOC A TUNIS, exemples d'importance inégale, presqu'opposés dans leur forme, mais qui chacun réinvente à sa façon la relation filmeur/filmé et film/spectateur. Le nouveau film de Rithy Panh, "Le papier ne peut pas envelopper la braise" met en scène des prostituées dans une maison de Pnomh Penh.Comme le dit le cinéaste, "je n'ai pas fait un film sur des prostituées mais avec elles."
A mi-chemin du documentaire et du théâtre, le film combine la beauté des