Au seuil de cette troisième édition de DOC A TUNIS, on est en droit de se réjouir du simple fait qu’elle ait lieu, en temps et heure. Tenir ses engagements vis-à-vis du public et de ses partenaires figure en priorité dans le cahier des charges de l’équipe.
On serait, également, en droit d’espérer, que, passé le temps de la mise en place et du rodage, rien ne puisse empêcher la manifestation d’atteindre sa vitesse de croisière, si, toutefois, les choses se passent comme prévu. Mais comme rien n’est jamais acquis, la prudence reste de mise.
Croisons donc les doigts et voyons voir ce qui a été prévu. Une année durant, sentinelles en éveil, les membres de l’équipe ont été à l’affût de ce qui se produisait sur la planète Doc. Participation aux principaux festivals, suivi de l’actualité, contacts avec les réseaux personnels et professionnels, repérages, visionnages de nouveaux films, voire même d’extraits de travaux en cours. Rien, somme toute, de plus, que le travail de prospection et de préparation nécessaire à une programmation.
Au final, une moisson qui se décline en près de 75 titres représentant 17 pays. La répartition géographique ne signifie pas grand chose en l’occurrence. De par sa dimension universaliste, le documentaire détient ce pouvoir de transgresser toutes frontières. Une Finlandaise évoque le conflit oublié en Tchétchénie ; un musicien tunisien se porte témoin de la guerre du Liban, un Palestinien résidant au Royaume-Uni découvre, à Cuba, une version quelque peu inattendue de sa problématique identité, identité que deux jeunes réalisatrices françaises, à leur tour, tentent de cerner dans un camp de réfugiés au Liban ; le passé du Soudan et la situation actuelle au Darfour sont abordés par un Suisse et une Française, un Allemand piste, à travers plusieurs continents, des fous de cinéma ; des portraits intimistes en Tunisie, en France, en Egypte, révèlent des destins collectifs forgés par les turbulences de l’Histoire…
Le documentaire ne recule devant rien, il se mêle de ce qui ne le regarde pas, mais comme tout le regarde, c’est ce qui fait sa force de frappe.
Mais devant la multiplication des propositions, la fragmentation des sources, des images et la diversité des représentations du réel, comment savoir séparer le bon grain de l’ivraie ? On sait qu’en la matière, il n’y a pas de mode d’emploi, pas de recette toute prête.
Pour ceux qui avaient en charge la sélection, seule la qualité a valeur de critère. Quel que soit le sujet abordé, c’est la pertinence du traitement artistique, la rigueur de l’investigation, le regard porté sur les hommes et les évènements évoqués, le processus de mise en confiance des protagonistes, la valeur de leurs témoignages qui se conjuguent pour produire ce frisson qu’on appelle coup de cœur et qui fait dire : c’est ça !
Plusieurs thématiques sont développées au travers d’une large palette de regards et d’approches. Ouvrant autant de pistes de réflexion, elles parcourent, en filigrane, les différentes sections. Selon ses centres d’intérêt personnels, chacun pourra forcément y trouver matière à s’informer, à s’interroger, à s’émouvoir, à réfléchir, à prendre du plaisir, à réagir sur la réalité et les multiples façons qu’a le documentaire d’en rendre compte.
Pour DOC A TUNIS, cette programmation se veut en cohérence avec un objectif essentiel : proposer des films suffisamment forts pour interpeller de façon telle qu’ils arrivent à purger, ne serait-ce que le temps d’une projection, les regards et les esprits du flot d’images abrutissantes, tendancieuses ou mensongères qu’ils subissent à longueur d’année.
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