Editorial
Par: Kaouther Ben Hnia

Et on croyait même que le fait d’organiser quelques projections au Colisée était une aberration vu la taille de la salle. Mais la présence massive d’un public de tous les horizons et de tous les âges a déjoué notre scepticisme ! Le public était au rendez-vous et a prouvé encore une fois que la cinéphilie en Tunisie est plus que jamais vive et ardente. Et qui a dit que le Tunisien ne s’intéresse qu’aux mélodrames égyptiens et aux films d’action ? 

L’année dernière nous avons inauguré la première édition de DOC A TUNIS par VHS Kahloucha. Une année après, ce film a fait le tour du monde et a été sélectionné dans les festivals les plus prestigieux mais la chose la plus importante, c’est que pour la première fois en Tunisie, un film documentaire sort dans les salles obscures et fait des entrées records ! Aujourd’hui on peut estimer que ces deux évènements singuliers (le lancement de Doc à Tunis et la sortie d’un film documentaire tunisien au cinéma) sont les prémisses d’un vrai changement dans le paysage culturel tunisien.

En consacrant tous les ans une section (promesse documentaire et films d’écoles) aux jeunes réalisateurs tunisiens qui font leurs premiers pas de documentariste, on essaie de contribuer à notre manière à rendre compte des prémisses de demain. Sans oublier notre fenêtre toujours grande ouverte sur les films tunisiens. On dit souvent que le documentaire est le vrai thermomètre de la démocratie. DOC A TUNIS a désormais l’ambition de s’approprier cet indice subtil et de le partager avec le public. 
Cette année, on l’a bien compris, notre tâche est bien plus ardue. Il fallait garder la barre très haute et choisir des films de grande qualité artistique où des artistes de différents horizons s’approprient l’espace public et nous retransmettent leurs visions plurielles du monde dans lequel nous vivons. Les films, certes, ça ne change pas le monde mais néanmoins ça forme sa mémoire vive. Ainsi nous voulions dans notre sélection privilégier les films qui traitent des réalités les plus problématiques et qui apportent un regard profond et sincère sur ce que l’actualité ne peut transmettre que sous-forme de chiffres, statistiques et fait divers. Ainsi l’Afrique notre continent est au cœur de notre programmation, sans oublier le Liban, la Palestine et l’Irak que nous présentons dans cette programmation sous un aspect moins alarmiste et plus humain. Un aspect qui favorise la petite Histoire, celle des individus.